•  (♫ Structurized par Fakear)

    Le plus important dans cet avion ? Des fruits frais ! - Photo Paul Michaud« Gardiens de phare » depuis le 28 février dernier, nous n'avions pas vu de nouvelles têtes depuis 239 jours. Autant dire que même si la manip était préparée depuis plusieurs semaines, ça nous a fait quelque chose de voir ce gros bourdon voler au-dessus du continent, puis  après avoir fait un tour de reconnaissance au-dessus de la piste préparée par Loïc et Samuel, se poser d'un coup, pour ensuite libérer les  dix-huit passagers, dont sept pour la base de DDU. Personnellement, j'ai pu voir ce spectacle depuis le dortoir d'été, près de la cabane Maret. Après avoir fait le plein de kérosène, le Basler (un dérivé du DC-3) est reparti vers la base Italienne de Mario Zucchelli (MZS). Il devrait faire une nouvelle rotation dans les jours qui viennent pour amener le reste des passagers de la rotation dite « A0 », un A319 partant de Hobart qui devait normalement se poser à MZS, mais qui a du se dérouter vers Mc-Murdo (une des stations Antarctiques des Etats-Unis), car la piste avion de MZS, qui est posée sur la banquise, était en train de débâcler. Comme quoi, en Antarctique, pas de pronostics !


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  •  (♫ Rock Around the Clock de Bill Haley & his Comets, groupe fondé en 1952 et par qui le rock 'n'roll a explosé...)

    La cabane Maret dans la nuit (cliché rare à cette époque de l'année...)Lors d'un précédent article nous avions relaté les débuts de la station de DDU, qui est finalement un repli de la station de Port-Martin (1950-1952) suite à l'incendie de cette dernière. Pendant l'année 1952 (TA05), sept hommes vont « tenir » la station antarctique française dans la cabane  appelée plus tard « Cabane Marret » et qui se situe de l'autre côté de l'île par rapport à la station actuelle, près du dortoir d'été. Prévue initialement pour trois personnes, elle a dû être agrandie à la hâte pour loger les sept volontaires (dont Georges Lépineux, le météo, également découvreur en 1950 du gouffre de la Pierre St-Martin, qu'il partira explorer avec Haroun Tazieff l'année suivante). Mais les quantités de vivres et de matériels ont été insuffisants : ils ont donc décidé de faire un raid à pied en juillet 1952 vers les ruines de Port-Martin (39 jours pour parcourir 2x70 km !) afin de récupérer ce qu'ils pouvaient.

    Les relevés météo ont été réalisés toutes les trois heures dont la nuit. Ils réalisaient également des ballons pilot qui permettaient de savoir la force et la direction du vent jusqu'à une altitude de 10 km, voire plus, les meilleurs jours. Le théodolite de suivi se situait pas loin de la cave sismo, sur un des points hauts de l'île. Il servait aussi de longue vue pour surveiller l'avancée de la polynie puis la débâcle qui est intervenue tout début septembre 1952.

    Afin de consigner ces données anciennes dans la base de données de Météo-France (on appelle ça le « data rescue »), on m'a demandé de retrouver l'emplacement exact de l'ancien abri météo. Et il se trouve qu'après avoir (un peu) arpenté le sud de l'île des Pétrels, j'en ai déduit avec Bertrand et Adrien, qu'il se trouvait à la place du dortoir d'été. J'ai été un peu trompé au début car avec la construction du-dit dortoir et de la base de l'hélicoptère (dite « DZ du bas »), je ne retrouvais pas mes petits...

    La cabane Maret en 1952 (photo Georges Lépineux)


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  •  (♫ Teardrop ♪ de Massive Attack)

    Que d'eau, que d'eau (Maréchal de Mc Mahon, suite à la crue de la Garonne de juin 1875)Mes collègues météos et moi-même l'avions prévu : une houle longue et « mal » orientée (Nord-Ouest 6m50/15s) est venue taper contre les quelques kilomètres de banquise qu'il nous restaient autour de Pétrels. Nous l'avions baptisé « la molaire » car vu du ciel, ce reste de banquise avait cette forme caractéristique. Et ça n'a pas loupé, une houle aussi énergétique a fait beaucoup de dégâts et la banquise est partie par morceaux (« floes »). Ainsi nous avons désormais de l'eau libre depuis l'arrière de Fram, en passant par la Selle, le chenal du Lion, la Dent, et donc le Rocher du Débarquement. La carte de zonage banquise qui n'avait pas bougé depuis le 6 août va donc être modifiée fort logiquement et de manière profonde. On ne peut dores et déjà plus faire le tour de Pétrel, et la partie des bergs que l'Astrolabe a vêlé en 2021 n'est probablement plus praticable. Certains, comme le « Tiramisu » est d'ailleurs en train de se carapater vers le nord, poussé par le vent catabatique qui reste fort. Les phoques vont  logiquement se rapprocher de Pétrels, ce sera plus simple pour les manips. En revanche les Empereurs ne sont pas dérangés par ce changement de physionomie de l'archipel, puisque le Nunatak du Bon Docteur est posé sur le glacier et non la mer...

     

    Avec la chasse-neige en moins, on voit mieux l'étendue des dégâts


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  •  (♫ Finale de l'ouverture de Guillaume Tell de Rossini)

    Ils veillent à nouveau sur l'Île des PétrelsPartis depuis le début du mois mars (et avant la pluie   du 18 mars potentiellement mortelle pour les petits), les Adélie sont de retour à peine le système Antavia remis en route. En un peu plus de six mois d'absence, ils ont eu le temps de se refaire une santé et des réserves pour un nouveau cycle de la vie. Ils arrivent comme des fusées sur la banquise, et la compairaison avec les empereurs est assez amusante à regarder. En effet, les empereurs ont un train sénatorial, le pas lent mais constant, comme une force tranquille, tandis que le petit Adélie se déplace comme une « voiture télécommandée » (expression reprise à Jimmy) sur la glace, mais s'arrête aussi plus souvent. Parfois les deux espèces se déplacent ensemble, donnant une idée de parents accompagnants leurs enfants l'école. Mais que l'on ne s'y trompe pas, les deux espèces si elles ne se craignent pas mutuellement, s'ignorent. Chacun fait sa vie de son côté. On ne reverra pas Angus, le petit Adélie qui est né en face de la météo l'année dernière, car il faut attendre 5 ans pour qu'il soit prêt à participer à donner la vie. Mais 30.000 de ses congénères sont attendus. Ils ont la polynie pas trop loin, puisque le Rocher du Débarquement a désormais tout le devant dans l'eau, ce qui va limiter les déplacements entre l'île et l'Océan Austral. Une expédition phoques (il y en une dès que la météo le permet) a pu y accéder hier, mais probablement pour la dernière fois de l'année.

    De la banquise résiste encore et toujours à l'envahisseur. Mais pour combien de temps ?


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  •  (♫ Amor volat undique ♪ Extrait des Carmina Burana de Carl Orff, pour fêter le retour les oiseaux)

    Une belle grimpette pour ces oiseaux SphenisciformesLe printemps revient, avec les espèces d'oiseaux qui se multiplient : les PGA, les pétrels des neiges, les fulmars, les skuas (premier spécimen aperçu aujourd'hui), et même le manchot Adélie. Il est seul et se cache bien, mais il a été aperçu. J'en profite pour vous rediriger vers les deux articles qu'avait écrit Adélie (véto de la TA71) : ici et , pour bien apprendre à les reconnaître.

    Et puisque les Adélies ne vont pas tarder à revenir, il va falloir remettre en route télémancho : le programme télé qui permet de savoir tout ce qu'il se passe à la « rookerie » (manchotière d'Adélie) d'Antavia du Val Joli. Iban et Paul (pour la partie informatique et transmission), Laurent et moi-même (pour la partie reconstruction de l'enclos) remettons donc tout en place : les portes, les pesons, les détecteurs de puce magnétiques, les enclos, les caméras, etc... Un travail de longue haleine dans un environnement accidenté : le Val Joli est resserré et souvent venté, mais qui doit être mené avant que la colonie éponyme ne se présente devant les portes d'Antavia.

    P.S. : un grand merci à l'Amicale des Missions Australes Et Polaires Françaises qui a attribué le prix du Jury à mon modeste blog et félicitations à Jimmy qui a reçu le prix du public !


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