• (♫ La ritournelle ♪ de Sébastien Tellier)

    Passage du témoin de la TA72 à la TA73La boucle est en train de se boucler, c'est une impression que l'on ressent depuis quelques jours, mais avec la passation qui se joue ces derniers jours, on le sent plus que jamais. Résonne en creux celle que j'avais faite il y a un peu plus d'un an. Pour tenir la station et poursuivre la (sacro-sainte !) série de données dans le point le sud des stations météo de France, le 73è maillon sera composé de Pauline, chef de Station, Hervé à l'exploitation (mon remplaçant) et de Laurent à l'instrumentation (et qui a déjà hiverné en 2016, quel courage de remettre le couvert !). Les journées de passations sont denses car on a pas beaucoup de temps pour faire passer plein de choses, les subtilités du climat et de son début de changement, la réaction des modèles de prévision au lieu, les règles de l'observation des nuages, le rituel du lancer de ballon de radiosondage qui me fait penser parfois à la cérémonie du thé, tant chaque geste est important, le fonctionnement de la base, et celui de la machine à café, etc. Et puis, il faut aussi garder un peu de temps pour dire adieu au lieu. Si certains pensent revenir, d'autres comme moi savent qu'ils ne le reverront pas. Pourquoi refaire un hivernage alors que celui-ci fut si réussi ?


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  • (♫ Der Telefon Anruf ♪ de Kraftwerk)

    Ti-ti-ti Ta Ti ti...Depuis quelques années, les communications avec la base de DDU se sont considérablement améliorées. En effet, à l'époque de Maret et les années qui ont suivis, il n'y avait que les communications radio, et celles en morse pour relier ces terres reculées avec le monde extérieur. Les problèmes de propagation des ondes radios était crucial, c'est pourquoi  le « mât Iono » a été installé pour justement étudier la réflexion et donc la propagation de ces ondes. J'ai d'ailleurs appris récemment qu'il l'a été sur l’instigation d'André Lebeau, nommé tard directeur de la Météorologie Nationale, puis de Météo-France.

    Il y a encore quelques années, les « pédoches » (télégrammes familiaux, encore utilisés dans les années 1990), puis le mail et le téléphone faisaient le lien avec l'extérieur, avec une particularité pour le mail : il fallait attendre le passage du satellite pour envoyer puis recevoir le mail (années 2000/2010). Avec deux ou trois passages par jour, on était loin de la messagerie instantanée. L'Internet est apparu ensuite, via une antenne satellite, la V-Sat (construite en 2013) et grâce à l'augmentation de la bande passant à 3Mo cette année, on commence à pouvoir utiliser des outils plus « modernes » (Skype, WhatsApp, ...). Cela permet aussi, du point de vue de la météo, de recevoir plus données pour faire des prévisions plus précises...


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  • (♫ Olson ♪ de Boards of Canada)

    Just in timeL'Astrolabe est parti hier, mais si neuf membres de la TA72 s'éloignent désormais de DDU, elle reste unie sur le tableau de mission que nous venons d'accrocher à l'instant dans la montée des escaliers du dortoir d'hiver (dit « le 42 »). Le tableau de mission c'est une tradition de fin d'hivernage qui consiste à mettre les photos, les noms et les fonctions de chacun des hivernants de la TA. L'idée cette année, c'était d'associer un hivernant à une étoile de l’hémisphère sud céleste idoinement choisie. En appuyant sur le bouton en laiton à côté de la photo, l'étoile concerné s'allume (c'est une LED bleue) et on trouve ainsi l'association nom d'étoile, nom d'hivernant, son métier et sa photo.

    Une réalisation que les hivernants de la TA73 et les campagnards d'été on trouvé très réussie, et qui a permis de faire fonctionner ensemble les talents de (de gauche à droite sur la photo) Iban à l'électronique, de Lucie à la menuiserie, de Samuel au travail du métal, de votre serviteur à la photographie argentique et de Vianney et d'Étienne au (long !) polissage du laiton (hors photo). Si certains de la TA pensent déjà à revenir, gageons qu'ils reverront ce tableau avec plaisir et que celui-ci leur fera penser à cette formidable année 2022 en Terre Adélie... 


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  •  (♫ Rock Around the Clock de Bill Haley & his Comets, groupe fondé en 1952 et par qui le rock 'n'roll a explosé...)

    La cabane Maret dans la nuit (cliché rare à cette époque de l'année...)Lors d'un précédent article nous avions relaté les débuts de la station de DDU, qui est finalement un repli de la station de Port-Martin (1950-1952) suite à l'incendie de cette dernière. Pendant l'année 1952 (TA05), sept hommes vont « tenir » la station antarctique française dans la cabane  appelée plus tard « Cabane Marret » et qui se situe de l'autre côté de l'île par rapport à la station actuelle, près du dortoir d'été. Prévue initialement pour trois personnes, elle a dû être agrandie à la hâte pour loger les sept volontaires (dont Georges Lépineux, le météo, également découvreur en 1950 du gouffre de la Pierre St-Martin, qu'il partira explorer avec Haroun Tazieff l'année suivante). Mais les quantités de vivres et de matériels ont été insuffisants : ils ont donc décidé de faire un raid à pied en juillet 1952 vers les ruines de Port-Martin (39 jours pour parcourir 2x70 km !) afin de récupérer ce qu'ils pouvaient.

    Les relevés météo ont été réalisés toutes les trois heures dont la nuit. Ils réalisaient également des ballons pilot qui permettaient de savoir la force et la direction du vent jusqu'à une altitude de 10 km, voire plus, les meilleurs jours. Le théodolite de suivi se situait pas loin de la cave sismo, sur un des points hauts de l'île. Il servait aussi de longue vue pour surveiller l'avancée de la polynie puis la débâcle qui est intervenue tout début septembre 1952.

    Afin de consigner ces données anciennes dans la base de données de Météo-France (on appelle ça le « data rescue »), on m'a demandé de retrouver l'emplacement exact de l'ancien abri météo. Et il se trouve qu'après avoir (un peu) arpenté le sud de l'île des Pétrels, j'en ai déduit avec Bertrand et Adrien, qu'il se trouvait à la place du dortoir d'été. J'ai été un peu trompé au début car avec la construction du-dit dortoir et de la base de l'hélicoptère (dite « DZ du bas »), je ne retrouvais pas mes petits...

    La cabane Maret en 1952 (photo Georges Lépineux)


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  •  (♫ Black gold de Armand Amar, extrait de la bande originale du flm « Home »)

     Les glaciers Mertz et Ninnis étant un peu loin, voici une photo du glacier de l'AstrolabeLa toponymie des lieux près de DDU sont marqués par deux expéditions. La première, celle de Dumont d'Urville a posé le pied sur le rocher du débarquement en 1840. En souvenir de son navire « l'Astrolabe », il a donné son nom au glacier près du Rocher. Mais aussi le nom de Terre Adélie, en hommage à sa femme Adèle.

    La seconde expédition, l'expédition antarctique australasienne qui s'est déroulée entre 1911-1914, a marqué les lieux à l'ouest de DDU. Cette expédition a été dirigée par Mawson, un australien. Le brise-glace  Auora a déposé, en décembre 1911, les membres de l'expédition dans la baie du Commonwealth, à Cap Denison, lieu d'implantation du camp de base « Mawson's huts ». L'année suivante, en novembre 1912, plusieurs groupes partent chacun vers un côté un vers l'ouest (vers Port-Martin et DDU) et un autre, constitué de Mawson lui-même, Ninnis, un autre Australien et Mertz, un Suisse, partent de l'autre côté : c'est le groupe de l'est lointain. Hélas, leur longue marche ne se passera pas comme prévu, Ninnis meurt en traversant le glacier qui porte désormais son nom, avec un traineau et les chiens. Mertz et Mawson poursuivent alors leur route avec le traineau restant. Mais Mertz, meurt d’épuisement quelques semaines plus tard, alors qu'il ne restait 160 km à couvrir vers Cap Denison. Mawson y parviendra en février 1913, au terme de « la plus grande histoire de survie solitaire dans l'histoire de l'exploration polaire », quelques heures seulement après le départ du brise-glace. Cela obligera Mawson à rester dix mois de plus en Antarctique avant le retour de l'Aurora en décembre 1914.


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