•  (♫ Teardrop ♪ de Massive Attack)

    Que d'eau, que d'eau (Maréchal de Mc Mahon, suite à la crue de la Garonne de juin 1875)Mes collègues météos et moi-même l'avions prévu : une houle longue et « mal » orientée (Nord-Ouest 6m50/15s) est venue taper contre les quelques kilomètres de banquise qu'il nous restaient autour de Pétrels. Nous l'avions baptisé « la molaire » car vu du ciel, ce reste de banquise avait cette forme caractéristique. Et ça n'a pas loupé, une houle aussi énergétique a fait beaucoup de dégâts et la banquise est partie par morceaux (« floes »). Ainsi nous avons désormais de l'eau libre depuis l'arrière de Fram, en passant par la Selle, le chenal du Lion, la Dent, et donc le Rocher du Débarquement. La carte de zonage banquise qui n'avait pas bougé depuis le 6 août va donc être modifiée fort logiquement et de manière profonde. On ne peut dores et déjà plus faire le tour de Pétrel, et la partie des bergs que l'Astrolabe a vêlé en 2021 n'est probablement plus praticable. Certains, comme le « Tiramisu » est d'ailleurs en train de se carapater vers le nord, poussé par le vent catabatique qui reste fort. Les phoques vont  logiquement se rapprocher de Pétrels, ce sera plus simple pour les manips. En revanche les Empereurs ne sont pas dérangés par ce changement de physionomie de l'archipel, puisque le Nunatak du Bon Docteur est posé sur le glacier et non la mer...

     

    Avec la chasse-neige en moins, on voit mieux l'étendue des dégâts


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  •  (♫ Bibifoc ♪ Oui, Céline, j'ai osé le générique du dessin animé des enfants nés il y a plus ou moins 40 ans...)

    Montre-moi ton transpondeur...Ils commencent à revenir depuis le milieu du mois dernier, les phoques de Wedell, mais aussi Crabier, profitent des rivières qui se creusent dans la banquise pour aller faire bronzette sur la plage de glace. En cette période de l'année, les femelles vêlent un « veau » (c'est comme ça qu'on appelle un bébé phoque) et les mâles entourées de femelles (le « harem ») ne va pas tarder à les féconder, y compris celles qui viennent juste de vêler. Pas de perte de temps en Antarctique, les beaux jours sont comptés... L’œuf fécondé ne se développe pas tout de suite, il est en « diapause embryonnaire » c'est à dire que son développement est stoppé pendant un moment et reprend plus tard. Cela permet au veau d'arriver au moment idoine, c'est à dire au printemps austral. Ce phénomène est aussi observé chez les chevreuils, entre autres.

    Le veau qui vient juste de naître (et on a eu la chance d'en observer un le 28 septembre...) pèse une trentaine de kilos, il est tout plat, mais va vite prendre du volume, ainsi que du poids, puisqu'il va prendre 100Kg jusqu'à son sevrage d'ici sept semaines. Jimmy accompagné de volontaires va venir les inspecter régulièrement, les compter, et vérifier s'ils sont déjà transpondés grâce à un lecteur spécifique (voir photo). Si ce n'est pas le cas, il faudra leur implanter une puce afin de pouvoir assurer le suivi de population.


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  •  (♫ Tracteur Tom ♪ autre générique connu des enfants nés il y a bientôt 20 ans...)

    Priorité aux manchotsLes implantations françaises en Antarctique sont au nombre de trois, Dumont d'Urville, la base qui m'accueille depuis plus 300 jours désormais, Concordia, la base frano-italienne située au coeur du plateau antarctique à près de 3000m d'altitude, et la base Robert Guillard, franco-italienne également, située à un peu de 5 km de DDU et qui est le lien entre les deux premières bases, puisque c'est le point de départ du Raid. Et on ne le comprend jamais aussi bien qu'en ce mois de septembre, à l'heure des « transferts fioul ». Le carburant qui servira pour Concordia (chauffage notamment) a été débarqué de l'Astrolabe cet été et mis en réserve dans des cuves. Celles-ci sont transavasées dans des cuves sur ski que l'on va amener jusqu'au continent par tracteur, pour les transvaser à nouveau à « D0 » au pied de la base Robert Guillard. Ces réserves seront à nouveau réparties plus tard dans l'années entre le Raid, les besoins à D0 et Concordia (avec encore des transvasements à prévoir). C'est une course contre la montre qui s'engage alors, car les cinq tempêtes successives de septembre ont fait craindre une rupture de la banquise qui aurait rendu tout transfert impossible. Heureusement, malgré le train de houle particulièrement agressif de la dernière tempête (« Loïc »), elle a tenu bon, les transferts peuvent donc se poursuivre... 


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  •  (♫ Héliosphan d'Aphex Twin)

    Loin vers le nord...Si le mois d'août à été plutôt clément, le mois de septembre a déjà connu trois tempêtes : Paul, Jimmy et Jean-Philippe. Ces tempêtes éprouvent durement la banquise. Non pas encore aux abords de l'île des Pétrels, mais un peu plus au large où le vent catabatique ouvre une polynie c'est à dire un trou d'eau dans la glace de mer. Cette polynie est très utile pour les manchots empereurs qui ont besoin de moins marcher pour atteindre l'eau libre et aller nourrir leurs petits. Mais elle fragilise aussi la cohérence de la banquise qui, soumise à coup de boutoir de la houle commence à la transformer en pack. En tant que météo, on doit particulièrement surveiller la direction de la houle (le secteur nord affronte directement la glace de mer) ainsi que la période de celle-ci : supérieure à 12 secondes, elle est très énergétique. La polynie proche de DDU est visible depuis la station désormais, quand la visibilité est bonne : c'est la mince couche éclairée que l'on voit à l'horizon sur la photo ci-contre. On la surveille aussi grâce aux images des satellites Aqua et Terra ainsi que Sentinel. Pourvu qu'elle ne se rapproche pas trop vite pour continuer les longues sorties, faire les transferts gasoil vers Prudhomme et effectuer le bagage des phoques...


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  •  (♫ Concerto pour piano n°1, 2è mouvement de Tchaïkovski, avec Khatia Buniatishvili au piano)

    Trio de PioupiouLes petits empereurs grandissent vite. Alors qu'ils sont nés il y a à peine trois semaines, ils ont déjà du mal à rester sous la poche du parent présent. Et l'autre parent, à peine le poussin transmis, part vers la banquise et la polynie (étendue d'eau libre dans la banquise) pour aller chercher de la nourriture à donner à la prochaine rotation. Alors que le mois de juin a été tranquille niveau trafic de manchots aux abord de la base, désormais c'est un ballet incessant qui va encore se densifier dans les semaines qui viennent, à mesure que les petits grandissent. Dans quelques jours, ils seront thermiquement indépendant, et pourront donc poser le pied sur la banquise à leur tour, alors que jusqu'à présent, une telle manœuvre leur aurait été fatale...


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