• (♫ 99 Luftballon ♪ de Nena. Nos ballons ne vont pas causer de guerre comme dans la chanson...)

    Le 23080è lâcher depuis 1956Si c'est Teisserenc de Bort qui fut le premier à utiliser des ballons pour sonder l'atmosphère dans sa dimension verticale en 1898, il faut attendre un peu plus de trente ans pour que Pierre Idrac et Robert Bureau mettent au point une sonde qui puisse transmettre ses données par ondes radio. On n'était donc plus obligé de retrouver l'endroit de la chute du ballon pour récupérer les données. Si des radiosondages (RS) ont été réalisés à Port-Martin en 1950 et 1951, aucun radiosondage n'a pu être fait, faute de personnel lors de l'hivernage de 1952 à Pointe-Géologie. Mais des ballons pilotes, qui mesuraient le vent en altitude, ont été lancés. Il fallut la fin des années 1950 pour que les RS reprennent en Terre Adélie.

    Si les paramètres Pression, Température et hUmidité sont transmis par la radio, le vent, lui est déduit du déplacement du ballon. Pour cela, on utilisait un radiothéodolite, qui envoyait un signal vers un réflecteur placé entre le ballon et la sonde, et qui après réflexion et calcul de radiogoniométrie, permettait de déduire la position du ballon. Un opérateur, le radiosondeur, devait donc orienter le radiothéodolite constamment vers la sonde, en pédalant pour le faire tourner. C'était un emploi à plein temps, rendant obligatoire la présence d'un quatrième météo.

    À partir du début des années 1990, on a commencé à utiliser un système de radiopostionnement appelé Oméga. La radiosonde capte le signal d'antennes émettrices qui envoient des ondes dont on connait l'heure d'émission. La sonde compare l'heure d'émission de l'onde et celle de son heure propre et en déduit sa distance avec l'antenne. Trois émetteurs sont nécessaires pour déterminer sans ambiguïté sa position (c'est la triangulation). Le système Oméga était malgré tout sensible aux aurores polaires. À noter que les huit antennes d'émission des trains d'ondes Oméga étaient gigantesques : celle de la Réunion culminant à 427m, était la plus haute construction humaine de France, avant sa démolition en 1999. Depuis 1998, le GPS remplace le système Oméga dans les radiosondes.


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  • (♫ Oxygène IV ♪ de Jean-Michel Jarre, avec un clip antarctique)

    Le retour des hérosAvant-hier, le 4 mai, une équipe de cinq marcheurs et un skieur (votre serviteur) est partie à l'aube (vers 8h30, l'aube est de plus en plus tardive...) pour explorer l'épaisseur de la glace entre l'île des Pétrels et la tête de pont sur le continent, appelé point D0, près de la base Robert Guillard. Une longue ligne droite d'un peu plus de cinq kilomètres, que JP, notre DISTA, va examiner avec son perforateur. Si les premières mesures font état de 30 cm, très vite, en avançant vers le continent, il mesure entre 40 et 50 cm, ce qui est très confortable pour un marcheur. En une heure et quart environ, l'itinéraire a été reconnu, sous des lumières dorées fabuleuses, avant un retour d'une traite avec peu de vent mais par -20°C.

    L'après-midi, notre Dista mettait à jour la carte banquise, en délimitant des zones Z1, Z2 et Z3. Z1 c'est la zone dans laquelle on peut évoluer seul et sans appel radio (même si JP conseille de le faire quand même lorsqu'on est sur la banquise). Les zones Z2, nécessitent d'y être à deux et avec appel radio obligatoire. Pour la zone Z3, il faut être trois, équipé de radio et d'un téléphone par satellite Iridium, et déposer une demande motivée au Dista la veille. Cette carte peut évoluer à tout moment en fonction des sorties de reconnaissances de l'épaisseur de la banquise ou des débâcles dues aux tempêtes et/ou aux gros train de houle, qui arrivent à passer le pack. Le tour de l'île de Pétrel, va être, par exemple reconnu demain, et si ça se présente bien, être ouvert en Z1, Z2 ou Z3.

    À noter qu'en rouge sont délimitées les ZSPA (Zones Spéciales de Protection de l'Antarctique), les îles au sud de Pétrels et la manchotière dont les accès sont réglementés (voire interdits pour la manchotière) et comptabilisés.

    La carte « périmètre de sécurité » au 4 mai 2022

     


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  • (♫ Kodakchrome ♪ de Paul Simon, en référence au film argentique couleur qui fut très utilisé jusqu'à l’apparition du numérique)

    Ma grotte quand il fait moche...Un des grands plaisirs que j'ai ici à DDU, c'est d'aller faire un tour au laboratoire photo argentique, situé dans le bâtiment de « Géophys », et qui a servi jusqu'à très récemment au développement des clichés radio de l'équipe médicale. Ce labo est une véritable caverne d'Alibaba et permet de réaliser toutes les opérations de photo argentique en noir et blanc (le procédé couleur nécessite des machines automatisées hors de portée des amateurs et inutile pour les radios). Ainsi, on a une bobineuse qui permet de conditionner en cartouches 135 des films argentiques livrés en long métrage. Ensuite, tout le processus de développement de la pellicule peut se faire grâce à des spires de chargement et des cuves, dans lesquelles on verse des produits chimiques également disponibles : d'abord le révélateur, puis le bain d'arrêt puis le fixateur (tous renvoyés vers la France pour être retraités après utilisation). Enfin une colonne de développement, du papier photo et les chimies associées permettent de faire des triages jusqu'au format A3. La pièce est peinte en noire, parfaitement étanche à la lumière pour le chargement des bobines de films, mais aussi avec une lumière rouge inactinique qui sert à regarder le papier photo avant développement, sans le détériorer. Il faut être soigneux, patient, aimer (un peu) le calcul pour bien caler les temps et les dilutions, mais c'est passionnant. Ne manquerait que l’appareil photo ? Même pas, un vieux Minolta SRT101b de la fin des années 1970 et que j'espère avoir réussi à réparer, trône sur un coin du labo. Il devrait nous livrer ses premiers clichés bientôt. Personnellement, j'utilise mon canon EOS33 du début des années 2000, un des derniers appareil photo argentique fabriqué par Canon.

    Et ça permet de faire des cadeaux « trop stylés » comme ici à Lucie, dont c'était l'anniversaire le 30 avril...


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  • (♫ Communications from the lab ♪ de Laurent Garnier)

    Je vois la vie en vertIl est toujours là, dans les photos de nuit que j'ai le plaisir de prendre quand le vent n'est pas trop désagréable, le Lidar est un des instruments symbolique de la base antarctique de DDU. Le lidar est le cousin du radar. Tandis que ce dernier mesure les distances et les vitesses des objets (notamment automobiles au bord de la route...) via des ondes radio, le lidar fait la même chose mais avec de la lumière. Celui de DDU est basé sur de l'infrarouge, facile à construire. Puis avec  des diviseurs de longueur d'onde on fabrique du vert (en doublant la fréquence),  puis de l'ultra-violet (en triplant la fréquence). Après fabrication du faisceau laser et émission vers le ciel via des miroirs de renvoi, le signal atteint des particules atmosphériques qui le rétrodiffusent (renvoient) dans toutes les directions, dont une, qui, comme un retour à l'envoyeur, est collectée par un télescope de 80 cm de diamètre, placé à côté du laser. Ce télescope achemine les photons collectés vers les détecteurs spécialisés par longueur d'onde (dont un pour le fameux canal vert). Si beaucoup de photons sont captés, cela veut dire qu'il y a beaucoup de rétrodiffusion et donc la présence de polluants atmosphériques. Et on connaît même la hauteur de ces polluants. Actuellement Etienne traque les résidus de l’explosion d'un volcan aux îles Tonga en janvier dernier, détectée par les simsographes de DDU. Nous, météos, les traquons aussi avec des sondages ozone.

    À noter que le grand ennemi du lidar, c'est le nuage, qui, s'il est assez haut et assez dense, rétrodiffuse également beaucoup et peut griller les détecteurs placés en aval du télescope. C'est pourquoi la prévision de nébulosité de nuit est particulièrement suivie par Etienne que je remercie de m'avoir accueilli dans son laboratoire. 

    PS : demain vendredi 29 avril, la durée du jour à DDU sera plus courte que le 21 décembre en France métropolitaine. On aura en effet 7h49 de longueur de jour contre 7h53 à Dunkerque le jour du solstice d'hiver (8h15 à Baccarat, 8h50 à Agen).


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  • (♫ Aurora Australis ♪ d'Émilie Simon - bande originale de « la Marche de l'Empereur », film tourné à DDU)

    L'art de savoir drainer la foule...Maintenant que les accès à la banquise s'ouvrent (d'abord juste un couloir, puis maintenant une zone qui s'étend à l'est et au sud de l'île des Pétrels), nous pouvons accéder plus facilement aux abords de la manchotière (aller à la manchotière est bien sûr interdit). En tant qu'aidant du programme 137, c'est l'occasion de poser les antennes qui vont détecter les passages des manchots empereurs. Nous sommes donc partis hier, Iban, Paul, Laurent et moi-même, la pulka (sorte de grosse luge que l'on peut traîner derrière soi) chargée de matériel : une antenne à enterrer en forme de boucle, une valise, qui va analyser le signal des antennes et les sauvegarder sur une carte mémoire, des batteries (plein de batteries), des piquets  et des cordes pour amener gentillement les manchots à passer sur l'antenne. C'est finalement la partie la plus délicate de l'installation : comment placer l'antenne pour ne pas gêner le passage des oiseaux marins. Nous nous y sommes pris à deux fois pour la placer idoinement. Cette opération n'est pas sans rappeler celle que nous avions faite en décembre pour les manchots Adélie.

    Prochain passage en début de semaine prochaine, pour récupérer les données des valises, de la caméra, de la station météo et changer les batteries qui auront besoin d'être changées...


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